Digital & nouvelles technologies : des solutions pour demain contre la douleur ? C’est la question qui a été développée lors du Workshop « Innovation contre la Douleur » de l’Institut Analgesia, organisé dans le cadre de la Clermont Innovation Week. Les intervenants, provenant de différents secteurs de la santé et de la recherche, ont pu présenter de nombreux projets innovants lors de cette journée du 4 avril.
Après le mot d’accueil et le discours de présentation du Pr Alain Eschalier, président de l’Institut Analgesia, le workshop a débuté par la présentation de Célian Bertin, chercheur au laboratoire NEURO-DOL et membre de l’OFMA, l’Observatoire Français des Médicaments Antalgiques, sur l’usage et le mésusage de la codéine, via une analyse des réseaux sociaux. Cette étude a notamment analysée la fréquence de messages retrouvés parlant de ces deux aspects sur des forums de santé et de conseils médicaux comme Doctissimo, grâce à l’outil Detec’t, qui extrait des données des réseaux sociaux. Cette nouvelle méthode d’analyse permettrait d’aider à l’identification des signaux de détournement de l’utilisation de la codéine, chose particulièrement importante en contexte de menace de crise des opioïdes en France.
Alice Corteval, directrice de l’Institut Analgesia, a ensuite présenté le projet phare d’Analgesia, l’application eDOL. Cette application, conçue en partenariat avec la société Bepatient et destinée aux patients douloureux chroniques, permet un suivi patient plus régulier par le médecin, de part l’analyse quotidienne de la douleur et de son impact, mais permet aussi de faire devenir le patient acteur du soin. C’est donc une vraie amélioration du parcours de soin du patient qui est visée. De même, cette interface a aussi pour but de connecter tous les acteurs, qu’ils soient patients, soignants ou chercheurs, afin de développer la recherche autour de la douleur chronique. Dans cette optique, l’utilisation et l’analyse des Big Data recueillis ainsi que la participation du réseau de centres experts contre la douleur sera primordiale.
Après une rapide présentation du data mining et du machine-learning, Violaine Antoine, Maître de Conférence au LIMOS, a fait un focus sur les approches qui vont être appliquées sur les données collectées via le programme eDOL. Elle a également présenté les challenges importants qui pourront être relevés grâce à une collaboration étroite entre les chercheurs du LIMOS et les experts cliniques de l’Institut Analgesia (gestion de la variabilité inter- et intra-individus, gestion de données subjectives et objectives…).
La matinée s’est conclue par l’intervention de Tanguy Perrin, co-fondateur de la société Deepsen, spécialisée dans l’évaluation et le traitement de la douleur et l’anxiété par réalité virtuelle. Ce type de traitement, qui pourrait se développer comme une vraie alternative à la prescription de médicaments antalgiques par exemple, se veut être personnalisable et adaptable aux besoins et désirs des patients, qui pourront d’ailleurs l’utiliser de manière autonome, sans l’aide d’un soignant. Plusieurs effets positives sur la douleur et l’anxiété ont déjà été observés grâce à cette outil, et un projet en commun avec l’application eDOL, est en cours de réflexion. Une séance test de réalité virtuelle aux vertus antalgiques a d’ailleurs été proposée aux participants du workshop.
C’est Damien Talbot, de l’IAE Clermont-Auvergne et du Clermont Recherche Management (ClerMa) qui a lancé les interventions de l’après-midi en présentant une étude visant à comprendre la structuration d’un territoire de santé via une approche par les Big Data. La question du recours à un centre hospitalier plutôt qu’à un autre dans un territoire a été discutée, et la notion de » proximité perçue », particulièrement importante dans ce choix, a été expliquée.
Sylvie Rousset, de l’UNH Inra, a ensuite présenté l’application mobile WellBeNet, une application de recherche qui évalue les modes de vie. Grâce à ces différentes outils, l’application analyse l’activité physique et les mouvements effectués, mais aussi l’alimentation, les portions prises de différents aliments et leur apport et enfin les émotions et perceptions, qu’ont les utilisateurs de leur corpulence par exemple.
Enfin, Ludovic Samalin, du CHU de Clermont-Ferrand et de la Fondation Fondamental, a abordé le sujet des outils digitaux dans l’accompagnement aux patients atteints de maladie mentale, avec notamment une présentation des différentes applications mobiles en projet en France. L’interface MoodBuster et l’application Dépression, qui aident le suivi des patients dépressifs par les médecins, et l’application SIMPle, destiné aux patients bipolaires, ont été présentées au public.
Pour clore le workshop, Alban Van Landeghem, de l’entreprise Dassault Systèmes, a délivré une analyse des problèmes d’éthiques liés à l’utilisation d’outils digitaux et de partage de données en santé. Les questions d’utilisation de données privées, de cyberprotection et de limites quant à l’utilisation de l’intelligence artificielle ont notamment pu être abordées et débattues lors d’une table ronde organisée en fin de présentation dont Jean-Étienne Bazin a été modérateur.
L’Institut Analgesia tient à remercier tous les intervenants et participants à cette journée riche en échange et partage !