Le projet retenu est un projet qui porte sur l’évaluation des différentes méthodes de physiothérapie pour le soulagement immédiat des douleurs myofasciales chez le chien. A l’initiative de Denise Tabacchi Fantoni, du département de chirurgie vétérinaire de l’université de São Paulo (Brésil), et de Maira Rezende Formenton, doctorante, les travaux pratiques de l’étude seront menés par l’équipe de Karine Portier de VetAgro Sup Lyon auprès de chiens atteints d'arthrose présentés en consultation au Centre hospitalier universitaire vétérinaire (CHUV). Félicitations à elles pour la qualité de leur projet !
Karine Portier, présente lors de la soirée organisée à Vetagro Sup Lyon, et ses deux co-lauréates qui assistaient à l’événement en visio-conférence de São Paulo, se sont vu remettre un chèque de 18 000€ par le Pr Alain Eschalier, Président de l'Institut ANALGESIA et Madame Anne Chauder, Présidente du Groupe Dômes Pharma.
Ici, l'objectif principal de l’étude MPSAH (pour Myofascial Pain Syndrome dog human patients) lauréate de cette première édition est de cartographier les points trigger chez le chien arthritique en utilisant différents outils diagnostiques qui seront ensuite comparés. Le second objectif est de comparer la cartographie et les caractéristiques du SPM chez l'homme et le chien. Le troisième objectif est d'utiliser les résultats de cette étude pour réaliser une thèse d'exercice vétérinaire (DMV) sur les techniques de reconnaissance de la douleur chez l'animal (e-learning).
Rappelons que ce prix vise à récompenser une équipe académique pour ses travaux de recherche sur la thématique de la douleur en santé animale. Cet appel à projets sera réitéré tous les ans pendant 5 ans.
Le Pr Alain Eschalier, Président de l'Institut ANALGESIA a débuté ce symposium en revenant tout d'abord sur la notion même de douleur qui est assez complexe de par le caractère subjectif de son expression et de son évaluation. Lorsque celle-ci devient chronique, cette douleur est considérée comme une pathologie à part entière qui implique une dimension psychologique importante. Alors que 43% des consultations chez le médecin ont pour origine une douleur, il est important pour le Pr Eschalier de rappeler que les innovations thérapeutiques dans le domaine ont été très rares au cours des 100 dernières années. Les antalgiques à la disposition des soignants sont composés de molécules assez anciennes dont l’efficacité est très partielle et les effets indésirables bien présents. D’où la nécessité de relancer la recherche sur la douleur et de l’aborder avec une approche nouvelle qui part du patient et de son ressenti. C'est le fondement même et la démarche de l'Institut ANALGESIA, 1ère Fondation de recherche sur la douleur en France. Les applications et dispositifs connectés sont d’une aide précieuse dans cette approche individualisée du traitement de la douleur chronique. Le projet phare de l'Institut nommé eDOL est en le parfait exemple (cliquez ici pour découvrir plus en détails le programme)
Ce qui est vrai pour l’homme l’est plus encore pour l’Animal qui ne peut exprimer cette douleur et qui va même, en fonction des espèces, chercher à la dissimuler. Pour Thierry Poitte, vétérinaire, membre du jury et fondateur du Réseau CAPDouleur la douleur ne doit pas être soignée comme un symptôme mais plutôt comme une maladie à part entière et l’animal douloureux considéré avec ses particularités anatomiques, émotionnelles et cognitives, dans un environnement spécifique. Pour obtenir des résultats sur la douleur il est nécessaire d’impliquer le propriétaire dans l’évaluation du ressenti de l’animal et l’amélioration obtenue par les traitements. C’est ce que le réseau CapDouleur réalise avec des applications qui permettent de recueillir quotidiennement les observations du propriétaire à partir d’indicateurs choisis en fonction de l’animal (attitude, expressions faciales, appétit…). Les dispositifs connectés, comme les colliers, et les consultations à distances par vidéo viennent compléter le dispositif pour une véritable approche individualisée.
Enfin Norin Chai, vétérinaire en chef du zoo du Jardin des Plantes, a retracé l’histoire de la prise en compte de la douleur animale de l’antiquité à nos jours et de sa dimension morale et éthique. Car la douleur animale, contrairement à la douleur humaine, a une histoire. Elle a évolué en même temps que notre relation avec l’animal que l’on a considéré un temps comme une machine sans âme pour l’accepter aujourd’hui comme un être sensible et conscient. Au-delà de la douleur, la notion de bien-être animal est un sujet relativement nouveau mais qui prend une place centrale dans la société.
Ce temps de présentations s'est ensuite achevé par un moment d'échange entre le public (environ 70 personnes) et nos 3 intervenants.
Merci au public composé d'étudiants, vétérinaires, enseignants-chercheurs ainsi qu'à tous les autres participants pour leur présence. Ce fut une belle soirée !